lundi 9 avril 2007

« Le Mouton dans la baignoire* »,

Ou « l’Arabe qui ne voulait pas cacher la forêt »





pres avoir rallié François Bayrou dont il trouve la candidature « salutaire pour la démocratie », Azouz Begag, le démissionnaire ministre délégué à la Promotion de l'Egalité des chances, compte bien « reprendre sa pleine liberté de parole », comme l’indiquait le communiqué du premier ministre. Ouvertement anti-Sarkozy avec qui il avait entretenu des rapports pour le moins tendus surtout après les dérapages verbaux de l’ex-premier flic de France sur « les racailles » et « le Karcher ».

Mais on réalité la haine entre les deux hommes est surtout à mettre sur le compte de son amitié pleinement assumée avec le premier ministre Dominique De Villepin pour qui Begag « voterait même s’il n’était pas candidat ». C’est pourtant le couple Chirac-Villepin qui auraient, implicitement, poussé Begag vers la démission après avoir lu les meilleures feuilles du livre « Le mouton dans la baignoire », livre assassin pour le candidat et ancien ministre d’état (cherchez la Rupture !) Nicolas Sarkozy. Les pressions de Dominique de Villepin ont été telles qu'Azouz Begag a dû envisager de retarder la publication de son livre, avant de passer outre et d'en "tirer les conclusions".

Le titre du livre fait référence à une intervention de Sarkozy lors de l’émission de TF1, « J'ai une question à vous poser », où il s’indignait contre « les polygames », ceux qui « égorgent les moutons dans les baignoires » et ceux qui « pratiquent l’excision ». Des propos qui pour Begag visent à « stigmatiser les musulmans de France » en parlant d’une « France d’il y a 30 ans ». L’ancien ministre de l’intégration l’a d’ailleurs fait savoir très vivement sur Canal + dans l’émission, « En Aparté » de Pascal Clark. « Voilà une bonne nouvelle », a lancé Sarkozy, en réaction à la démission de "Vidéo Begag", comme il a l’habitude de l’appeler entre ami. Sa garde rapprochée n’en pense pas moins. A l’image de François Fillon (premierministrable) affirmant, de façon cruelle, qu’il n’en avait "jamais bien compris le rôle ni la valeur ajoutée". Ambiance !

Pour pimenter le tous, l’hebdomadaire Marianne publie les meilleurs extraits histoire de bien mettre le feu à une compagne déjà assez tendue. Alors que le candidat Sarkozy ne cesse de durcir le ton faces à ces adversaires, les révélations de Begag leur donnerait certainement des arguments supplémentaires pour attaquer Sarkozy sur ses visées communautaristes et sur ses écarts de langages et son comportement pour le moins inquiétant. Il affirme que le ministre de l'Intérieur, lui a « passé un savon » et l'a insulté à plusieurs reprises dans un appel téléphonique. D'après lui, il l'a qualifié notamment de « connard », « salaud », l'a menacé de lui « casser la gueule » et lui a conseillé de « ne plus jamais lui serrer la main à l'avenir, sinon il allait (lui) en cuire », avant de raccrocher. Toujours selon, l’ancien ministre, le sarkozyste Brice Hortefeux s'en est aussi pris à lui à l'Assemblée nationale en octobre 2006: « Allez, fissa, sors de là! Dégage d'ici, je te dis », lui aurait-il lancé, en utilisant « un terme de l'époque coloniale ».

Le livre sort également au moment où plusieurs rumeurs concernant la vie privée du candidat circulent dans le microcosme parisien et sur les blogs de certains journalistes. Des rumeurs qui confirmeraient encore plus ces traits de caractères. Alors que Sarkozy semble de plus en plus tendu et agressif, Azouz Begag sera-t-il celui qui le fera craquer pour révéler ainsi ça vraie nature ?


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Extraits du livre publiés par Marianne N° 520 du 7 au 13 Avril 2007

« Des journalistes m’interrogent pour connaître ma réaction au propos de Sarkozy. Je livre ce que j’ai sur le cœur à Libération ; je suis opposé à cette « sémantique guerrière ». […] Mon destin est là, aux portes de mes tripes. Je dois y aller. […] quand je pense que je n’ai rien calculer au moment ou j’ai accepter de commenter les déclarations de Sarkozy : J’ai dit qu’on ne pouvait pas, dans les banlieue, prononcer des mots pareils. Le lendemain, je suis vivement sollicité par Yves Calvi […] Il ne manque pas, au cours de l’émission de France 2, à une heure de grande écoute, de me harceler. Il me refroidit, même : « on dit que vous voulez démissionner, c’est vrai ? ». Je ne me démonte pas. Je réponds qu’en effet toutes les nuits je veux démissionner et le lendemain je me réveille et je repars guilleret à mon travail, n’en déplaise à ceux qui voudraient me voir jeter l’éponge. »

[…]

« La descente aux enfers est engagée. […] les réunions de crise s’enchaînent à Matignon, associant ministres et directeurs de cabinet. Comme je ne suis pas politique, lors des discutions, mes arguments ne portent pas. Je vois dans les yeux de Villpin qu’il n’est plus vraiment avec moi. Il est un autre, lui aussi, tout comme moi. […] J’ai provoqué un tollé politique au sein de l’UMP. La gauche en profite […] tandis que la droite applaudit son héros qui envoie les escadrons de CRS dans les banlieues pour rétablir l’ordre. »

[…]

« A une réunion du groupe UMP à l’assemblée, le premier ministre est pris à partie par des députés sarkozystes en raison de mes déclarations. Ils demandent ma démission pour absence de loyauté gouvernementale. C’est un comble. Sarko depuis le début, réclame le droit à la liberté de parole, et dès qu’un autre en use, il est furieux. »

[…]

« Je réalise que des acteurs en coulisses s’activent à deniers mon existence au sein du gouvernement. On m’a rapporté que Sarko fait des interventions directes auprès des rédacteurs. […] Je ne savais pas que la démocratie française avait subi des avaries aussi graves. La liberté d’expression a un prix exorbitant. »

[…]

« Ça sonne de nouveau. Je décroche. C’est l’offensé. Il me passe un savon tellement incroyable que je ne peux m’empêcher de le consigner sur le champ : « Tu es un connard ! Un déloyale ! Un salaud ! Je vais te casser la gueule ! Tu te fou de mon nom…Azouz Sarkozy ! Je vais te montrer, moi, Azouz Sarkozy…tu te fou de mon physique aussi, je vais te casser ta gueule, salaud ! Connard ! » Je suis cloué à mon téléphone. A chaque fois que j’essaie de placer un mots, il me coupe : « « j’en ai rien à foutre, de tes explications ! Tu vas faire une dépêche à l’AFP pour t’excuser, sinon je te casse la gueule… »

*Le Mouton dans la baignoire, Azouz Bégage, Fayard, 20 euros.


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