samedi 12 janvier 2008

"Lois de séries" et "Lois de conneries"






ous avez certainement tous entendu dire qu’«un malheur n'arrive jamais seul» ou que «jamais deux sans trois». Tout le monde a vécu ces moments où des événements totalement improbables s'enchaînent, des rencontres, des contrariétés ou même parfois des bonnes nouvelles qui nous donnent l'impression que cela est régi par une «loi des séries». Mais sous l’aspect faussement prémonitoire de ces adages se cache pourtant une certaine vérité qui explique l’accumulation de coïncidences, ou autrement appelé, hasard. Bien qu’il semble échapper à toute rationalité, c'est même sa nature, il peut être mis en équations. Et celles-ci peuvent servir à démasquer ce que l'on nomme « la loi des séries ». Pour mieux appréhender cette « loi », les mathématiques, qui se préoccupent beaucoup du hasard, possèdent quelques outils. Ainsi en est-il des probabilités, capables de quantifier les phénomènes aléatoires. Le hasard ne serait en fin de compte qu’une vulgaire histoire de probabilités* ?

Ainsi, par exemple, en théorie, il y a une chance sur deux d'avoir un garçon ou une fille. De même pour le lancer d'une pièce, chacune des deux faces ayant la même chance d'apparaître. Mais cela ne veut pas dire qu'une famille ne pourra pas avoir six filles ou que l'on ne pourra pas voir sortir dix fois de suite la face pile d'une pièce non truquée. Les lois du hasard nous disent simplement que la probabilité d'avoir six filles et aucune garçon est d'une chance sur 64 (0,0156), une telle famille sera donc plus rare que les autres, et que celle de voir sortir la même face de la pièce dix fois de suite est de 1 chance sur 1 024 (0,001).

Mais là où les probabilités deviennent plus intéressantes, c'est précisément dans l'étude des séries de coïncidences. Quand on veut savoir si des événements apparemment indépendants peuvent être liés. Prenons l'exemple des accidents d'avion. Il arrive parfois que les crashs se suivent de près. Ce fut le cas en 2005 par exemple, avec cinq crashs entre le 2 et le 23 août. Plus de 300 victimes en une vingtaine de jours. En regardant de plus près, des mathématiciens ont constaté que pendant les dix années précédentes, il y a eu environ 20 000 décollages par jour et un accident pour 500 000 vols. La probabilité d'un accident est donc de 1 pour 500 000. La probabilité qu'il y ait 5 crashs en même temps est donc quasiment impossible. Par contre, la probabilité que 5 crashs se produisent sur une période de 22 jours n'importe quand dans l'année est de 0,1, soit une «chance» sur 10 d'observer une telle série dans l'année. Ce qui n'est pas négligeable et permet de mettre en cause le hasard.

Il est vrai que la variable humaine est un peu plus complexe que celle d’un objet ou d’une mécanique puisqu’après un événement, et avant de faire face à un éventuel second événement, l'être humain s’imprègne d’une expérience qui le modifie et modifie par conséquences sont comportement. La spirale de l'échec, par exemple, met en conditions défensives et prépare, en quelques sortes, un nouvel échec. Par ailleurs, bien que l'individu dispose bien d'un libre-arbitre contextuel difficile à probabiliser, les comportements de groupe eux sont plus facile à déterminer d'un point de vue probabilistique car il s'agit de fonctionnements sociaux, reflexes, voire naturels.

On se basant sur ces faits statistiques et considérant la variable humaine et les spécificités historiques, politiques, et sociétales de la Tunisie, la probabilité qu’on avait pour se retrouver aujourd’hui sous le règne d’une dictature avec des atteintes graves aux libertés individuelles, une mise au pas des moyens d’informations, un désintérêt assumés des citoyens de leurs rôle dans la société ainsi que le triomphe de l’esprit du déni et de l’exclusion, la probabilité qu’autant de comportements déviants s’expriment dans une même société, est loin d’être négligeable et n’a surtout rien à voir avec le hasard ou la fatalité.

Comme il est tout aussi vrai, qu’aussi infime soit elle, chaque probabilité à une chance de se réaliser. Donc aussi improbable soit elle, la possibilité de voir un jour nos libertés respectées en Tunisie, d’y lire une presse libre, de voir certains bloggeurs, par exemple, s’intéresser à autre chose qu’à leur petites personnes, que d’autres bloggeurs arrêtent de les féliciter pour leur nombrilisme où, improbabilité suprême, voir la fin de l’apartheid qui sévit sur les agrégateurs des blogs tunisiens, aussi infinitésimale soient-elles, ces probabilités sont réalisables, la science des probabilités acceptant tout à fait la survenue de miracles qui ne sont, en fin de comptes, rien d’autre que des probabilités proches du zéro.

La question qui s’impose alors est celle de connaitre la probabilité pour que ces événements se réalisent tous dans un laps de temps bien déterminé. Personnellement je n’ai pas de réponse à cet épineux problème mais il est certain que pour le résoudre, il faudrait impérativement prendre en compte « la variable humaine » et chercher aussi bien dans « les lois de séries » que dans « les lois de conneries ».



* Nombre, compris entre 0 et 1, que l'on attribue à un événement susceptible de se produire en fonction des informations que l'on possède sur lui. La valeur 0 est celle que l'on attribue à un événement que l'on estime impossible, la valeur 1 à un événement qu'on estime certain de se produire.



2 commentaires:

  1. j'ai rien compris à ton article. ;-)

    tu es sur paris?

    je te propose un café débat autour d'un café sans cigarettes...

    Mais après la mi-février, avant c'est pas possible...

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  2. Ahla Tun-68, ti winik !

    Oui je suis sur Paris et je serais heureux de débattre autour d'un café sans cigarettes ;)

    Va pour la mi-fév (ça tombe bien, j’ai mes parents qui me rendent visite en ce moment) Je t'enverrai un mail avec mes coordonnées. Tiens moi au courant…

    @+

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