lundi 28 avril 2008

Lu sur Tunisia Watch : Accès refusé








e mercredi, on vient de me couper ma connexion Internet. Ainsi ça recommence encore pour la énième fois pendant les dernières années. Ainsi je ne pouvais plus depuis ce jour tenir mon journal en ligne « TUNISIA Watch » ni poster les notes que j’écris parfois sur mon blog. Bien que censuré en Tunisie, je trouve de mon devoir de continuer à apporter une autre image de mon pays, celle que la censure et la propagande cherche à occulter. L’intérêt que reflète le nombre des lecteurs, essentiellement d’Europe et du Maghreb, ne fait que m’encourager à persévérer. Aujourd’hui d’autres amis collaborent avec moi en postant directement leurs textes. J’espère que d’autres se joindront à eux par solidarité en participant à son contenu.

Je commence par ce qu’aurait fait normalement tout citoyen. J’appelle mon fournisseur d’accès pour signaler le dérangement. La voix qui me répond à l’autre bout du fil me demande les coordonnées nécessaires pour s’assurer de la validité de mon abonnement. Soudainement la ligne est coupée. C’est normal, cela arrive souvent ici, je recommence à appeler une autre fois le même numéro. C’est une autre voix qui me répond, je lui fais signaler que j’étais avec son collègue et que je viens juste d’être coupé. La personne avec courtoisie me demande les mêmes indications sans prêter attention à ma remarque. Elle me dirige ensuite sur une page pour réviser les coordonnées de mon abonnement. Tout semblait en règle, elle me demande à la fin d’accéder par le login et le mot de passe inscrits sur le bon de mon abonnement. Rien à faire, accès refusé. Elle me demande d’essayer une autre fois en faisant attention aux majuscules, minuscules et espaces comme ils sont inscrits. Elle va jusqu'à me demander de compter le nombre d’étoile avant d’appuyer sur le lien d’accès mais sans succès à chaque fois.

Alors on me demanda de patienter un peu et de rappeler dans une heure. Qu’est ce que j’ai d’autre à faire ? Une heure largement passée après, je reprend le téléphone et je compose le même numéro. C’est une troisième voix qui me répond. J’essaye de rappeler l’historique de ma réclamation. La personne me fait comprendre que c’est l’équipe de l’après midi et qu’elle va tout recommencer avec moi depuis le début. En bout de compte on arrive au même résultat. Mon téléphone fonctionne normalement, mon abonnement est payé à l’avance pour un an il y a juste un mois et l’accès fourni par mon opérateur est toujours refusé. La personne chargée normalement de me dépanner se trouve ainsi bloquée sans moyen convaincant pour justifier une telle situation, elle me demande alors avec toute la gentillesse qu’on peut imaginer de patienter encore et de rappeler dans une heure tout en raccrochant sans attendre mon consentement.

Personnellement je ne peux plus le refaire pour me trouver avec une nouvelle opératrice qui me mène en bateau jusqu’au même résultat. J’ai arrêté, c’est ma femme qui a pris le relais pouer aboutir enfin à une promesse de leur part de faire une réclamation auprès de la compagnie de téléphone et de lui répondre dans quelques jours.


Wait and see



En fait ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Aujourd’hui je ne compte plus le nombre de nouvelles lignes téléphoniques auxquelles j’ai du souscrire au cours des cinq dernières années sous diverses identités pour pouvoir accéder à un service public normalement garanti sur le même pied d’égalité à tout tunisien. La dernière fois j’ai du attendre plus de six mois le rétablissement de la connexion Internet sur ma ligne téléphonique sans résultat avant de souscrire la nouvelle ligne qui vient d’être coupée aujourd’hui. C’est ainsi qu’on agit pour établir les règles sur lesquelles se fonde la dictature de Ben Ali. Il y a au dessus de la loi des règles non écrites auxquelles on vous apprend à vous plier. Pour chaque mot, pour chaque geste, on vous apprend à réfléchir par deux fois avant de le prononcer ou d’agir avant de subir les conséquences de votre inadvertance.

Ainsi on a abouti à l'installation, dans l’esprit de chaque tunisien, de son propre surveillant au service de Ben Ali, de sa dictature et des intouchables autour de lui. On doit rester à un seuil peu élevé et agir sur une plateforme restreinte comme le disent très bien les expérimentés. Respecter les tabous sacrés de la dictature, ne pas franchir les lignes rouges et se complaire dans un discours de mécontent lâche qui fait pitié. Ainsi on est étroitement tenu en laisse par notre oppresseur sans jamais pouvoir rien changer à notre sort ni moins encore à celui de notre pays.


Yahyaoui Mokhtar – Mercredi 26 Avril 2008



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