Quelques jours avant les dernières élections présidentielles et législatives tunisiennes, l’Association des Elèves de Sciences Po pour le Monde Arabe (SPMA), présidée par Selim Ben Hassen, avait crée l'évènement en réunissant opposition et représentants du pouvoir pour une journée de débat autour de « La question tunisienne à la veille des élections présidentielles et législatives de 2009 ».
Sur le papier, la journée s’annonçait intéressante, historique même. Et dans une certaine mesure, elle le fut. En effet, la liste des invités comptait les chefs de fils des principaux protagonistes de ces élections, ainsi que les intervenants habituels de la société civile tunisienne. Ce qui a poussé certains à la qualifier, à tort, d’« assise de l’opposition ». Le but affiché, dès le départ, par les organisateurs, était de permettre un débat contradictoire entre l’opposition et le « régime ».
Et c’est une nouveauté notable. Certains représentants « respectables » du régime ont accepté de jouer le jeu. Il faut dire qu’ils n’avaient pas le choix. Les organisateurs ont refusé les troublions habituels : barbouzes déguisées en contradicteurs et autre stakhanovistes de la langue de bois tel Borhan Bsayess qui, pour l'anecdote, ne l'avait pas supporté et est allé déverser sa frustration sur tous les médias « amis » qui voulaient bien de lui.
A part quelques défections, dont notamment celles de Ahmed Brahim candidat de parti Ettajdide, finalement représenté par Samir Taieb et de Mokhtar Yahyaoui, privé de passeport et sensé intervenir à travers un enregistrement vidéo, tous les invités étaient présents pour des débats qui ont duré plus de 8 heures et qui ont vu défiler dans l'amphithèatre de Sciences Po plus de 300 auditeurs.
Selim Ben Hassen que j'ai rencontré à Sciences po nous livre dans cet entretien les dessous de cet événement qui fera date :
Pourquoi une conférence sur la Tunisie, pourquoi à Sciences Po et pourquoi vous Selim Ben Hassen ?
Une conférence sur la Tunisie parce qu’à quelques mois des élections, je voyais bien que tout le monde était disposé à discuter des élections et à donner son avis, mais que personne n’avait l’intention de faire quelque chose de concret. Pourquoi à Sciences Po ? D’abord parce qu’il était assez clair que ce genre d’initiatives ne pouvait pas avoir lieu en Tunisie, et puis parce que l’école à laquelle j’appartiens a accepté de me mettre à disposition tous les moyens pour que cette conférence soit réussie. Pourquoi Sélim Ben Hassen ? Parce que le citoyen que je suis estime avoir des obligations envers son pays..
Comment se sont passés les contacts avec le pouvoir et l'opposition ?
Les deux camps était très courtois et j’ai été très bien reçu, et de la part du pouvoir, et de la part de l’opposition. J’ai rencontré chez les deux parties des gens intéressants, mais tout de même assez sceptiques sur la possibilité d’organiser un tel événement, où régime et opposition discuteraient ensemble pour la première fois. Le résultat m’a donné raison, c’est surtout cela qui compte.
Y a-t-il eu des conditions de la part du pouvoir ou de l'opposition pour participer à ce débat ?
Contrairement à ce que vous pourriez penser, beaucoup plus de conditions de la part de l’opposition que de la part du pouvoir. Ce qui est assez regrettable, c’est qu’elles portaient surtout sur le fait de pouvoir parler avant ou plus longtemps que tel ou tel camarade. Pour ce qui est du pouvoir, une fois que le régime a compris que j’étais déterminé à ce que cette conférence voie le jour, ils ont plutôt joué le jeu, même s’ils auraient pu dépêcher un plus grand nombre d’intervenants.
Dans le programme initial, les participations de Hama Hammami, Ahmed Brahim et Mokhtar Yahyaoui (à travers un témoignage vidéo) étaient prévues. Le premier a été empêché de voyage à Tunis, pourquoi les deux derniers se sont finalement rétractés ?
C’est à eux qu’il faut poser la question. Mais pour le parti Ettajdid, Samir Taieb qui a remplacé Brahim s’est très honorablement acquitté de sa tâche.
La plupart des invités ont fait le voyage depuis la Tunisie, qui a pris en charge les frais des déplacements ?
Je ne sais pas qui a financé les déplacements de chacun, mais nous n’avons pas pris en charge les intervenants pour le voyage et l’hébergement.
La conférence a duré près de 8 heures, pourquoi avez-vous fait le choix d'en montrer que 50min ?
L’idée était d’avoir une photographie de la situation politique de la Tunisie pour 2009. 50 minutes est un format documentaire qui permet de balayer de manière satisfaisante un sujet complexe. Le montage de la vidéo est bien entendu subjectif, mais il traduit la manière dont beaucoup de Tunisiens perçoivent la scène politique de leur pays.
Selon vous, qui a été l'invité le plus difficile à gérer ?
Je ne répondrai pas à cette question, mais la vidéo le fera certainement.
Et quelle a été la meilleure intervention ?
Il y a eu beaucoup de bonnes interventions. J’ai apprécié celle de Chedly Ben Younes, avocat et qui est venu apporter la contradiction aux thèses de l’opposition. Même si je n’étais pas d’accord sur le fond, le discours était structuré et précis.
Avec le recul, pensez-vous que cette conférence a été utile ?
Je ne l’aurais pas faite si j’avais un instant pensé qu’elle ne serait pas utile. Je crois surtout que la vidéo permettra aux Tunisiens de se rendre compte de ce qui se passe dans leur pays pour éviter de dire, dans quelques années, qu’ils ne savaient pas.
Propos recueillis par Malek Khdhraoui
Selim Ben Hassen qui a réussi ce tour de force, a décidé de rendre publiques les images de cette journée et nous fait le plaisir de choisir Nawaat.org pour en diffuser, en exclusivité, un résumé de 50 minutes. Pour des questions de confort nous vous les présenterons en 3 parties.
En attendant la première partie que nous diffuserons le lundi 22 février, on vous en livre aujourd'hui quatre courts extraits :
Malek Khdhraoui
Stranger
www.nawaat.org
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